Une Solitaire pas comme les autres
Certes ce n'est jamais la même course mais cette édition 2008 s'est nettement distinguée des autres ne serait ce que par son format inédit de trois étapes; Mais cette édition 2008 s'est nettement distinguée des autres ne serait ce que par son format inédit de trois étapes;
Le départ de La Rochelle s'est fait dans un vent aux abonnés absents et une pluie battante. A bord de mon DCNS 97 je me faufile bien sur le premier bord pour me retrouver en troisième position à la première bouée....bon début. La suite de la journée est laborieuse : 5 heures pour faire les huit premiers milles!!!! AU bout de 24 heures de course nous avons parcourus moins de 50milles et je suis dans le paquet de tête, jusqu'ici tout va bien. L'étape s'annonce longue il faut gérer et ne pas se cramer dès les premières heures.
La traversée du golfe de Gascogne s'éternise en effet, et Nicolas Troussel nous file sous les yeux à la tombée de la deuxième nuit de mer il s'en va seul dans une veine de vent et nous laisse posé là sans un souffle. L'addition à Ortégal (parcours réduit par la direction de course) est salée : je termine 8ème dans le bon paquet mais à plus de 8 heures de Nico, le figaro 2008 est plié!! Nous rejoignons Vigo en convoyage au moteur que nous atteignons non sans mal (plusieurs concurrents se retrouverons en panne de gasoil) après plus de 5 jours de mer!!
Peu de temps donc, pour récupérer et profiter de la vie espagnole. En route pour 600 milles de course vers Cherbourg. Là encore un vent aux abonnés absent sur la ligne de départ nous contraint à plus de 5 heures d'attente avant la délivrance. Je suis chaud et me retrouve tout de suite aux avant poste après un départ inédit « à l'anglaise »(sans bouée de dégagement). L'étape se fait intégralement sous spi dans du vent modéré. Bref des conditions idéales mis à part ce maudit crachin qui ne nous quittera que la dernière nuit de course. Nous traversons donc le golfe de Gascogne à bonne vitesse en slalomant entre les cargos, l'un d'eux provoquera d'ailleurs le dématage d'un concurent..... Je me bats toute l'étape durant dans le groupe de tête pour finalement terminer 3ème à 4 secondes de mon ami Nico qui est revenu du diable vauvert et paraît intouchable sur cette édition.
Le repos Cherbourgeois est le bienvenu avant l'Everest qui se dresse devant nous :800 milles de course côtière à travers Manche, Canal Saint George et mer d'Irlande, courant, pécheurs, cargos, et conditions musclés tout est là pour faire de cette étape une course d'anthologie. Seulement au matin du départ les fichiers de vent sont inquiétants, 40 nœuds à la sortie du canal Saint George au troisième jour de course.....la direction de course prend la sage décision de modifier le parcours et d'abandonner l'Ile de Man. Nous irons virer une bouée d'atterrissage à 150 milles dans l'ouest de la pointe bretonne: au programme 300 milles de près pour atteindre cette dernière puis une descente vers l'Aber Wrac'h sous spi dans un vent de Sud Ouest fraichissant. Je suis sur motivé pour garder ma place de 5ème au général. Un peu trop sûrement : je vole le départ et dois revenir passer la ligne. Je quitte donc la rade de Cherbourg bon dernier.... 24 heures plus tard je réintègre le top 10 tout va bien ou presque, les condition en Manche deviennent très pénibles: 30 nœuds de vent et une mer forte et encore 150 milles de près devant les étraves....dur pour le moral, plus d'une dizaine de concurrents jetterons l'éponge. Je serre les dents mais manque de lucidité tactique lors de la dernière journée de louvoyage, je suis 19ème à la bouée d'atterrissage et j'accuse plusieurs minutes de retard sur mes poursuivants au classement. J'attaque toute la nuit puis la journée entière sous spi pour revenir. A quelques milles de l'arrivée je retrouve Jeanne Grégoire qui est à moins de 4 minutes au général, « ça va le faire!! » malheureusement mon écoute de spi reste bloquée dans la mâchoire de tangon lors de l'affalage du spi me faisant perdre plusieurs centaines de mètres....c'est pas vrai dites moi que je rêve!!!!! 40 secondes de trop pour 40 secondes je perds ma 5ème place!!!! Je suis fou de rage et grogne dans mon ciré en affalant mes voiles. Et là surprise, la plus belle qui soit j'aperçois Lucile et Alex (Ma fille et ma femme) sur la jetée, je n'en crois pas mes yeux elles ont traversé la France entière dans la journée pour être à l'arrivée. Je les serre dans mes bras en posant les pieds sur le ponton....le bonheur.
Au final cette sixième place est une performance plus qu'honorable et j'ai surtout la satisfaction d'avoir fait du mieux que je pouvais, juste un petit brin de déception d'avoir laissé cette 5ème place s'échapper pour si peu.....on reviendra pour faire mieux!!!
Maintenant Cap sur Istanbul après deux semaines de vacances en famille bien méritées!!